Celui qui a piloté la diplomatie djiboutienne pendant 20 ans a été élu le 38e président de la Commission de l'Union africaine (UA) lors de la 38ème session ordinaire de l'Assemblée des chefs d'État et de gouvernement de l'UA, tenue à Addis-Abeba.
Mahamoud Ali Youssouf, né le 2 septembre 1965, est un homme politique djiboutien. Il a été ministre des Affaires étrangères de son pays de 2005 à 2025 puis élu président de la Commission de l'Union africaine dernièrement. À la tête de l'organisation continentale pour la période 2025-2028, il est un visage incontournable de la diplomatie africaine. Originaire de l’un des pays les moins peuplés d’Afrique, Djibouti, il incarne une politique étrangère pragmatique, notamment en raison de la position stratégique de son pays face au détroit de Bab-el-Mandeb, à la croisée des routes maritimes mondiales.
D’après les observateurs avertis de la scène politico-diplomatique du continent, le nouveau patron de la Commission de l'Union africaine est l’un des rares diplomates africains à avoir su allier une grande longévité à des positions influentes sur la scène internationale. Lors de son élection, le président djiboutien, Ismail Omar Guelleh, a qualifié sa victoire de « un moment de fierté pour Djibouti et l’Afrique », soulignant que « son leadership servira l’Afrique avec dévouement et vision ».
Mahamoud Ali Youssouf est souvent parvenu à s’imposer comme un interlocuteur clé dans les grandes affaires africaines. Son engagement dans les processus de paix et de sécurité, notamment en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, a marqué son mandat gouvernemental. Lors de son débat télévisé en décembre 2023, il a mis l’accent sur plusieurs priorités pour l’Union africaine, notamment la nécessité de renforcer le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, d’opérationnaliser la Force africaine en attente, et de garantir un financement stable pour l’Union.
« La place de l’Afrique sur la scène internationale sera l’une de mes priorités. L’Afrique que nous voulons est celle de la paix, de l’intégration et de la prospérité. Si l’on me donne la chance d’être président de la Commission, je ferai de mon mieux pour que notre continent brille sur la scène internationale »,
a-t-il déclaré.
Débuts dans un contexte délicat
La Commission de l'Union africaine, bras exécutif de l'organisation panafricaine, est chargée de traduire en actions les décisions des États membres et de coordonner les initiatives sur le continent. Son rôle s'avère crucial face aux multiples défis sécuritaires et économiques auxquels l'Afrique est confrontée. Le mandat du nouveau président débute dans un contexte délicat, marqué notamment par les conflits persistants au RD Congo et au Soudan.
Le grand pari de Mahamoud Ali Youssouf est de « faire taire les armes » sur le continent. Il est bien conscient que le continent traverse actuellement de nombreuses difficultés avec l’instabilité politique dans certains pays africains, notamment ceux secoués par des coups d’État récents. La question de la gouvernance, qu’il considère comme un problème majeur, sera aussi au cœur de son action. Il a déjà évoqué l’importance de réformer l’UA pour en faire une organisation plus performante et plus axée sur les résultats. « Si nous avons un bon personnel à la commission, il sera beaucoup plus facile pour nous tous de mettre en œuvre les réformes qui ont déjà été adoptées par nos dirigeants ».
Mahamoud Ali Youssouf succède à Moussa Faki Mahamat, qui a dirigé l’UA pendant deux mandats, de 2017 à 2025. Ce dernier a laissé un héritage complexe, marqué par des défis diplomatiques multiples et des crises internes au sein de l’UA. Aujourd’hui, il s’agit de poursuivre les réformes engagées et d’assurer la stabilité de l’organisation en période de turbulence géopolitique mondiale. Les dirigeants africains misent sur le pragmatisme et le sens de l’engagement de celui qui vient de prendre les rênes de la Commission. On dit en outre qu’il peut obtenir des résultats grâce à sa capacité à rassembler et à construire des alliances.