« Profils du roman africain : Société, patrimoine et histoire » est l’intitulé d’un nouvel essai du critique littéraire Mohamed Tinfou publié dernièrement par le département de la Culture de Sharjah (Émirats arabes unis). L’ouvrage de 228 pages se penche sur les textes de romans dont les auteurs sont originaires de pays africains.
Selon une note de présentation de cet ouvrage, il s’agit notamment des romans d’auteurs tels que Ousmane Sembène (Sénégal), Wole Soyinka et Chinua Achebe (Nigeria), J. M. Coetzee (Afrique du Sud), Amir Taj al-Sir (Soudan), ainsi que deux auteurs marocains, en l’occurrence Mohamed Achaari et Ahmed Elouizi. Cette étude, qui s’appuie sur des traductions de romans écrits en langue étrangère, vise à mettre en évidence les traits distinctifs de ces expériences romanesques, leurs points de convergence ainsi que leur évocation du patrimoine et de l’histoire, explique la même source.
Le premier chapitre du livre traite des degrés de conscience de la réalité sociale dans le roman africain en soulevant certaines questions sociales dominantes, alors que le deuxième chapitre analyse la place du patrimoine dans le roman africain à travers l’emploi des proverbes, des contes, des mythes, des légendes et des fantasmes. Le troisième chapitre, quant à lui, met en lumière la place de l’histoire dans le roman africain à travers l’évocation et le commentaire des faits historiques. A savoir qu’outre cette étude, Mohamed Tinfou a publié plusieurs essais dont « Les tentations de l’eau : Lectures dans la poésie marocaine contemporaine », « Shéhérazade ou les structures narratives dans les les Mille et une Nuits » et « La nouvelle marocaine : Critères esthétiques et aventure textuelle ».
Rappelons, par ailleurs, que l’année qui vient de s’écouler a été aussi marquée par la sortie du livre de Jean-Paul Martin intitulé « Le roman policier africain ». Genre relevant de la littérature populaire et voué au divertissement, le roman policier peut-il contribuer à l’analyse des sociétés contemporaines ? L’étude approfondie de 53 romans policiers africains, dont les auteurs viennent de 24 pays et représentent la plus grande partie du continent, permet, en ce qui concerne l’Afrique, d’apporter sans hésitation une réponse positive.
D’après l’auteur, le contexte dans lequel ces écrivains situent leurs fictions romanesques est en effet celui de l’Afrique contemporaine qui fait face à de multiples problèmes : la trahison des politiques, l’affrontement de la tradition et de la modernité, entre autres. Comme le montrent les larges extraits de leurs romans qui figurent dans cette étude, cela les conduit plus ou moins délibérément à mener un véritable travail de réflexion sociologique. Littérature critique – certains diront même de dénonciation –, cette littérature policière est donc un passage obligé pour qui veut comprendre ce que deviennent les sociétés africaines.