Le déplacement en France d’Alassane Dramane Ouattara (ADO), pour un entretien avec son homologue français, suscite nombre d’interrogations. Selon un diplomate européen très connecté en posté à Abuja, les « retours d’informations de ces dernières heures » militent en faveur d’un report du scrutin présidentiel ivoirien. Pour ce dernier, il est très probable que des négociations seront engagées dans les prochains jours concernant notamment « la période nécessaire pour apaiser les tensions et s’accorder sur le sort des candidats recalés ».
D’autres sources généralement bien informées avancent par ailleurs que plusieurs chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest vont mettre à profit le sommet de la CEDEAO, qui se tient ce jour au Niger, pour réaffirmer leurs inquiétudes nées du choix d’ADO et exiger qu’aucun candidat ne sera écarté. Le Niger, dont le numéro un préside l’organisation sous- régionale (il cédera sa place au président Nana Akufo-Addo du Ghana au terme de ce sommet) mais aussi le Conseil de sécurité des Nations unies, entend pour sa part peser de tout son poids dans les discussions. Et l’on sait que le président Mahamadou Issoufou n’est pas prêt d’offrir un boulevard aux prétendants aux « mandats de trop ».
Pour d’autres observateurs, l’évolution notable de la position de certains médias influents, à l’instar de Jeune Afrique et Africa Intelligence, par rapport à la candidature de Ouattara constitue un signe reflétant la posture même de la communauté internationale. « La France qui se fait silencieuse et les Etats-Unis qui réclament une enquête sérieuse sur les violences post-6 août 2020 nous aident à en savoir d’avantage », opine un vieux briscard de la politique ivoirienne qui rappelle en outre la sortie très commentée de l’Eglise catholique et le nouvel appel de Blé Goudé à repousser le scrutin.